Revue Controverses n°4
Parmi les phénomènes dont la convergence a fait la crise antisémite des années 2000, il en est un qui sort de l’ordinaire. On peut le définir très simplement. Au sommet d’une vague d’hostilité envers le monde juif, sans précédent depuis les années 1930, balayant l’Europe et le monde arabo-musulman – opinion, médias, et États confondus –, il s’est trouvé des voix juives pour accabler “es qualité” les communautés juives et l’État d’Israël des stigmates les plus déshonorants. Des discours violemment critiques à leur encontre furent proférés par des publicistes s’exprimant nommément “en tant que Juif” ou comme “une autre voix juive”, puisant dans cette auto-identificaton l’autorité et la crédibilité de leurs jugements. En ne se contentant pas de fonder intellectuellement ou idéologiquement leurs jugements, ils ont mis en marche un cercle identitaire fatal, alors même qu’ils le rejetaient déclarativement. Ce dossier est une étude de “cas” fondée sur l’analyse précise de discours et publications d’auteurs tels que Edgar Morin, Esther Benbassa, Ronny Brauman, Théo Klein, Gisèle Halimi, Guy Sorman, Michel Warshawski, Jean Daniel, Noam Chomsky etc.