Qui récuserait de prime abord l’idée du « vivre ensemble »? Ce « mot
valise », dont l’origine est la « convivencia », c’est à dire la
convivialité, est forgé pour emporter l’adhésion. Pour être précis,
« vivre ensemble » se dissocie de la notion d’ »être ensemble ». Dans ce
dernier cas, il ne s’agit pas seulement d’être côte à côte mais d’être
inscrit dans un même cadre, accepté par tous. Être ensemble exige plus
qu’une co-existence. C’est la modalité de l’ »ensemble » qui pose
problème. Pour prendre un exemple dans toute « institution totale »
(prison, orphelinat…) on est ensemble mais sans nécessairement se voir
et échanger. On est entassé dans un lieu.Quel est ce lieu dont la mention est occultée dans la formule toute faite?L’évidence montre que cette expression est employée uniquement pour
désigner la coexistence avec l’islam et les musulmans telle qu’elle se
présente à partir des années 2000 en France et dans l’Union Européenne.
Des hommes politiques prônent alors cette idée comme si elle était
interchangeable avec la laïcité. Ils vont en chercher l’origine et la
preuve dans l’histoire de l’Espagne (pays européen) musulmane du Moyen
âge, supposée « Espagne des trois religions ».Il ne faut pas être naïf. Les hommes politiques qui agitent ce
supposé modèle ont une connaissance floue de l’histoire. Ils ne savent
pas déjà qu’il faut remonter plus haut pour savoir d’où vient ce modèle:
dans les rapports entre l’UE et l’Organisation pour la coopération
islamique promouvant son programme politique pour la co-existence avec
l’islam en Europe, dénommé « Alliance des civilisations ». Il vise à
imprimer en Europe une certaine image de l’islam, censée présenter ses
plus beaux aspects de culture et de tolérance pour séduire les Européens
et entériner en fait une sanctuarisation de cette religion, face aux
exigences de l’être ensemble, qui la laisserait intacte de toute
influence externe.
Elle se recommande d’un mythe, la Convivencia de l’Espagne dite « des
trois religions », dont l’histoire objective est souvent dérangeante :
l’Espagne était la terre d’un djihad qui voulait conquérir l’Europe et
déjà la France . Les incursions et les razzias dans le nord de l’Espagne
comme au-delà des Pyrénées étaient l’horizon de l’existence pour les
non musulmans. Sous la domination d’une seule religion, les autres
religions vivaient dans une sorte de ségrégation sous le règne dominant
de la Sharia, y compris pour les esprits qui s’étaient frottés à la
philosophie grecque. Les persécutions des Juifs et des chrétiens font
partie du tableau. Il n’y a pas à évoquer que la persécution des
Almohades, on peut rappeler un événement en général « oublié »: le
massacre des 4000 Juifs de Grenade en 1066 et la mise à mort et la
crucifixion du vizir Joseph HaNaguid[1].Un modèle? [1] Se rapporter à la revue Pardès, n°67 qui publie un dossier sur « le mythe andalou »De Shmuel Trigano « Le mythe andalou en question » et « La « convivencia », de la modernité à la postmodernité ». De Bat Ye’Or, » Une
société islamique « pluraliste et tolérante » : l’origine d’un mythe
politique ». De Ephraïm Errera, « Le massacre de Grenade. L’âge d’or
andalou assassiné par l’islam orthodoxe ». De Paul Fenton, « Les
persécutions almohades, un modèle pour l’Inquisition catholique ? ».
Article publié initialement sur Menora.info