L’imbroglio dans lequel Israël est embourbé a quelque chose de
kafkaïen. Une question lancinante obsède les rédactions et la classe
politique. Les mainfestations de dizaines de milliers de personnes
hostiles à Natanyahaou peuvent-elles légitimement continuer alors que la
pandémie atteint le plus haut sommet du monde? Ne contribuent-elles pas
à répandre le Corona? D’un côté on interdit tout rassemblement pour des causes sanitaires,
de l’autre on autorise ces énormes rassemblements sans masques ni
distanciation sociale. Tout simplement parce que la manifestation serait
un droit sacré de la démocratie! Le procureur de l’Etat, la Cour
suprême sont même allés jusqu’à interdire de les interdire au ministre
de l’Intérieur! En somme la démocratie est plus forte que le
coronavirus! On touche ici à la limite de la conscience moderne, de
l’Etat moderne. Hier soir le Procureur a fini par accepter
l’interdiction de ces manifestations mais à condition d’instaurer un
confinement total, c’est à dire de plonger tout le pays dans une ruine
économique dont il pourrait ne pas se relever. Mais, atttention, il
s’agit de sauver la démocratie! C’est alors que se lèvent les religieux. On leur ferme leurs
synagogues, on les stigmatise parce que leur milieu est parmi les plus
contaminés comme le sont aussi les milieux arabes du fait des
rassemblements qui leur sont propres. Le droit de prier en communauté
serait-il moins respectable que le droit de manifester en masse? Ce qui
est permis aux laïques haïssant Natanyahou serait-il interdit aux
religieux aimant leur Dieu? Discrimination disent les uns, fascisme
crient les autres, dictature nazie, ai-je même entendu hier à la
Télévision! La faillite du gouvernement de coalition est totale mais les
électeurs ont eu ce qu’ils méritent car ils n’ont pas sû faire la
différence par deux fois. C’est tout un système médiatico-juridique qui
est en jeu, qui, pendant des années, a sapé l’autorité d’un Etat dont on
voit aujourd’hui les défaillances. Faut-il se résigner aux deux milles
morts que les épidémiologistes nous annoncent pour les semaines à venir?
Après, nous aurons besoin d’un grand sursaut créatif, loin des
sinistres drapeaux noirs qu’agitent les instigateurs des manifestations.
*Chronique sur Radio J, le 23 septembre 2020